«A nome del Governo vallesano, desidero presentare delle scuse ufficiali»

Lo storico intervento pronunciato a Mattmark, in tre lingue, francese, italiano e tedesco, da Mathias Reynard, presidente del Cantone Vallese. In grassetto le parole in italiano.

Mattmark 30 agosto 2025

 

Monsieur le ministre, Monsieur l’ambassadeur, Madame la députée et secrétaire nationale du Parti démocrate, Monsieur le député, Madame la conseillère d’État, Monsieur le conseiller d’État, Monsieur le conseiller national, Mesdames et messieurs, en vos titres et fonctions,

Chères et chers amis,

Vingt secondes… C’est le temps qu’il a fallu pour que tout bascule. Vingt secondes pour que le glacier de l’Allalin s’effondre sur le chantier de Mattmark. Vingt secondes pour que 88 vies soient fauchées, ce lundi 30 août 1965 à 17h15. Vingt secondes d'une violence inouïe, pour 60 ans de souffrance assourdie…

Aloïs Hauser, l’un des rares témoins de la catastrophe, rapporta ainsi la vision d'horreur qu’il a eu depuis la cabane Britannia: « Tout s’est passé en 20 secondes. Je regardais le grand chantier de construction à environ 900 mètres en contre-bas. Soudain, il y a eu un bruit terrible et j'ai vu une partie du glacier basculer. Les ouvriers, semblait-il, ne voyaient pas le glacier tomber sur eux. Il est probable que le bruit de l'avalanche était, pour eux, recouvert par celui des machines. Ils ont été ensevelis sous les masses de glace sans même avoir levé la tête pour voir ce qui arrivait. »

Ce jour-là, le bilan fut dramatique : 88 victimes, 56 travailleurs italiens, 23 Suisses, ainsi que des ressortissants venus d’Espagne, d’Autriche et d’Allemagne et un apatride. L’ampleur de la tragédie aurait pu être pire encore… une demi-heure plus tard, une fois la journée terminée, près de 700 ouvriers auraient pu se trouver dans ces baraquements. Soixante ans plus tard, nous portons la mémoire de ce drame, mais aussi et surtout la responsabilité de ce qui a suivi…

Perché al ghiaccio caduto dall’Allalin si è aggiunta la freddezza delle autorità dell’epoca. Certo, il nostro temperamento elvetico è caratterizzato da una certa riservatezza. Ma questa riservatezza non giustificava in alcun modo l’assenza di calore, di presenza e di sostegno che le famiglie attendevano e meritavano.

Le procedure giudiziarie che seguirono la catastrofe aggiunsero pena al dolore: Un processo nel settantadue, poi un appello, che conclusero che il crollo del ghiacciaio non era prevedibile; e soprattutto quella decisione scioccante e ingiusta di chiedere alle famiglie delle vittime di pagare la metà delle spese processuali. Fu infine l’Ambasciata d’Italia a Berna a saldare il conto per le famiglie italiane.

Va detto chiaramente: la gestione umana di questa tragedia fu disastrosa. E fu il Cantone Vallese – e non la Confederazione – a portarne la responsabilità. Ecco perché, oggi, a nome del Governo vallesano, desidero presentare delle scuse ufficiali.

C’est pourquoi, aujourd’hui, au nom du Gouvernement valaisan, je tiens à présenter des excuses officielles.

Deshalb möchte ich heute im Namen der Walliser Regierung offiziell um Entschuldigung bitten.

Scuse a tutte le famiglie, a tutti i parenti, a tutti coloro che hanno portato questo dolore per sei decenni. Scuse a tutta la comunità italiana. A quella venuta a lavorare in Vallese, come a quella rimasta in patria. Riconosciamo la vostra sofferenza, riconosciamo i nostri errori, e affermiamo che la vostra memoria è anche la nostra.

Il y eut quand même des gestes de solidarité dignes de mention, notamment celui de la Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents, la SUVA, qui octroya très rapidement des rentes aux familles. Dès le 9 septembre 1965, les premières prestations étaient versées ; et au 4 octobre, seuls trois cas restaient en suspens. Et de cette tragédie, nous devons aussi regarder ce qui a fleuri…

À la suite de ce drame, certaines lois ont changé ; elles ont permis d’intégrer les migrants dans le système des assurances sociales, pour que la nationalité ne soit plus un critère de différence de traitement. Ces changements se sont poursuivis en matière de prévention et de sécurité sur les lieux de travail, avec une gestion et une minimisation des risques.

Dans la foulée, les travailleurs italiens venus bâtir nos barrages, tunnels, routes et usines, ont pleinement participé au « miracle suisse ». Ils ont contribué à l’essor et à la prospérité de notre canton et de notre pays. Aujourd’hui, les Italiens ne sont plus «des étrangers en Suisse»: ils font pleinement partie de la communauté, sont indissociables de l’identité valaisanne et nationale.

Ce lien s’est construit petit à petit, parfois avec des difficultés, mais pour devenir ce lien solide et si évident aujourd’hui. Premiers migrants nombreux établis dans notre canton, les Italiens ont amené avec eux non seulement leur force de travail, mais aussi leur art de vivre, leur sens de la communauté, leur générosité. Les missions catholiques, les clubs sportifs, les troupes de théâtre, les chorales, les sociétés savantes comme la «Dante Vallese» ont enrichi notre vie collective.

Des institutions comme la Fondation Fellini ou la Fondazione Margherita témoignent également de ce lien durable, tissé d’amitié, de culture et de respect mutuel. Et puis, il y a l’exemple qui illustre peut-être le mieux cette transition du bâtiment aux arts. Celui de Léonard Gianadda, petit fils d’un maçon piémontais qui a créé à Martigny une fondation dont les expositions sont aujourd’hui reconnues dans toute l’Europe. Autant de preuves que la culture italienne est intimement liée à notre identité collective…

Oggi, l’Italianità è uno dei pilastri della nostra identità vallesana. Ci ricorda che siamo più ricchi quando accogliamo, quando costruiamo insieme, quando trasformiamo le nostre differenze in una forza. L’Italianità è una presenza viva, un soffio che attraversa le nostre valli. Si ritrova nella lingua, nella musica, nei gesti semplici della vita quotidiana. È nel profumo del caffè ristretto del mattino, nelle voci squillanti dei mercati, nell’arte di trasformare un pasto in una festa. È nel gusto del lavoro ben fatto e in quella gioia di vivere che ha addolcito la durezza delle nostre montagne. Ed è quindi naturale che sia entrata a far parte dell’elenco delle tradizioni viventi del Cantone.

Les Italiens ont façonné le Valais moderne, et une partie de notre savoir-faire vient aussi de ce qu’ils ont apporté. Lorsque nous évoquons les avancées scientifiques et les progrès technologiques qui nous permettent aujourd’hui d’anticiper les dangers, nous savons qu’ils s’inscrivent dans cette même histoire.

Die Feststellung der Glaziologen ist eindeutig: Wäre der Allalin genauer beobachtet worden, hätte man seine Bewegungen bemerken und geeignete Sicherheitsmassnahmen ergreifen können. Leider verfügten wir im Jahr 1965 noch nicht über die Technologien zur Überwachung von Gletschern, wie wir sie heute kennen.

Zum Glück sind wir heute besser gegen Naturgefahren gewappnet. Der jüngste Erdrutsch in Blatten ist vergleichbar mit dem vom Mattmark. Er konnte optimal mit einer rechtzeitigen Evakuierung des Dorfes bewältigt werden. In Blatten kam eine einzige Person ums Leben. Das ist immer noch eine Person zu viel.

Aber stellen wir uns einmal vor, was passiert wäre, wenn die Vorzeichen der Katastrophe ignoriert worden wären, wie es hier vor 60 Jahren der Fall war … Wir verdanken diesen Fortschritt auch der schmerzvollen Erinnerung an die Tragödien unserer Vergangenheit.

Enfin, souvenons-nous : la catastrophe de Mattmark n’est pas uniquement une tragédie, c’est aussi un lien. Un lien dans la douleur, mais aussi un lien d’amitié et de solidarité entre nos peuples. En ce 30 août 2025, nous honorons la mémoire de ceux qui ont perdu la vie et reconnaissons pleinement la peine de leurs familles.

Leur souvenir continuera de vivre ici, en Valais, dans notre histoire commune.

 
Corriere dell’italianità


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